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            Les "transformations" de l'église

Les « transformations » de l'église plutôt que les « travaux »... en reprenant l'idée du déjà vu « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » du chimiste Lavoisier. Chaque période de l'histoire porte en elle ses idées propres jouant sur les mentalités et les sensibilités des personnes et des communautés, de là l'influence sur les biens. La révolution Française ne fut pas la plus conséquente pour l'église si on regarde dans le passé les événements comme la guerre de cent ans, la peste, la réforme protestante. Ce dernier élément pourrait expliquer à lui seul l'effondrement du plafond de l'église (si tant est que Fournel architecte ait vu juste en parlant de voutes en croisées d'ogives), vu la violence des guerres de religion dans la région Toulousaine à partir de 1560, soit prêt de douze ans avant la Saint Barthélémy.
La révolution va voir l'église se transformer en « temple de la raison », ses biens confisqués et des symboles du régime renversé détruits suivant les aspirations de l'époque. Mais c'est en quelque sorte l'histoire qui juge l'histoire avec une inertie propre énorme, car cette violence apparente explique ce qui se passera par la suite dans les empires et les restaurations, voire les républiques? Parler d'inertie est justifié car depuis l'édit de Nantes de 1598, par exemple, outre les abjurations d'hérésies à la fin du XVIII° (cf annexes), il n'y a pas si longtemps, peu avant Vatican II le mariage entre une protestante et un catholique était un fait exceptionnel.
Je parle ici (seulement) d'un bâtiment, mais que dire des personnes qui ont traversé ces périodes. Au XIX° siècle, dans les délibérations des conseils municipaux, certaines personnes  qui criait « vive la révolution » criaient aussi « vive l'empire » et aussi « vive le roi ». Les mentalités aussi se transforment, de gré ou de force. Et finalement, que dire de nous ?...

Cf - Georges Brassens - « Mourir pour des idées »
Question de cloches
Une recherche internet (googlebooks) a permis de trouver une partie d'article de Raymond Corraze: « l'art campanaire à Toulouse aux XV° et XVI° siècles », page 31, dans la Revue Historique de Toulouse, tome 30, 1943, Il fait référence à une cloche de l'église :
Falas est un nom que nous avons déjà rencontré auparavant. La cloche en question pèserait donc 414 livres soit environ 200 Kg. On apprend dans un autre ouvrage (Du Couserans au Gave du Pau: tradition et renouveau - Fédération des sociétés académiques et savantes de Languedoc- Pyrénées-Gascogne, 1985) que Jean Drivot était fondeur de cloches.
La première mention de carillonneur dit qu'il s'agit de l'« ancien » et date de 1715. Nous ne savons donc pas à partir de quand cette fonction fut prise. En 1733 on retrouve ce nom de Terrous, Jean carillonneur, qui sera par la suite noté comme « travailleur » puis de nouveau «  carillonneur » en 1750. Puis se succèdent d'autres personnes, par exemple: Dominique Gramont (Décembre 1755 ), Jean Lisle (Avril 1758 ), Esparbès (1759), Joachim Auriol (Aout 1760), Jacques Amouroux (1767) qui restera carillonneur jusqu'en 1783 (cf en annexes les faits divers). En 1784, Raymond Esparbès.
Puis en 1782, le registre paroissial tenu alors par le curé Dejean dit:

« Nous soussignés certifions à qui il appartiendra que le cinq avril 1782 avons béni une des grandes cloches par permission de messieurs les vicaires généraux laquelle a été dédiée au ? ayant été fondue le 23 des dits mois et ans par les sieurs nicolas bouvié et jean Baptiste decharme maitres fondeurs habitans de chaumont la ville et de breuvannes (en Bassigny) en lorraine pezant neuf cent vingt sept livres (453,7 kg) la dite cloche a été présentée pour être bénite par messire étienne gui duffaur chevalier et seigneur de marnac, le sieur françois lacroix, peigneur de laine et le sieur jean duclos cordonnier, consuls de notre paroisse à Lévignac? »

Les noms des maitres fondeurs lorrains « Decharme » et « Bouvier » sont connus dans cette fin de XVIII° siècle. 
La même année, le curé Dejean écrit à l'occasion d'une autre bénédiction de cloches à la maison d'éducation:

« Nous soussignés certifions à qui il appartiendra et en même temps pour ne point porter préjudice à mes successeurs avons assisté Mr andrieu aumonier de la maison d'éducation pour la bénédiction des deux cloches dont l'une est bénite sous le nom et la protection de ste claire et l'autre sous le nom et protection de st charles, nous curé avons fourni l'huile des infirmes et celle du st chreme pour la dite bénédiction,.. »

L'inventaire de 1905 quant à lui parle juste de  « 9 cloches de tailles diverses ».
Puis vint la Révolution ... et la période dite de la "terreur".
8 avril 1793 -  Par arrété du département, les cloches doivent être descendues. Le conseil municipal  délibère que sur les cinq cloches, il en sera descendu 3.
Le 7 octobre 1793 - Nouvelle demande de ne laisser qu'une seule cloche mais le conseil parle toujours de deux restant (« une pour l'horloge, l'autre pour appeler les fidèles chrétiens »)
11 octobre 1793 - Les trois cloches descendues par le citoyen Jean Pierre Izard et réparation des dégâts occasionnés par la dite descente. 
Entre temps, le 6 nivose an II (26/12/1793), le carillonneur Boniface Demblans est accusé d'avoir sonné les cloches sans en avoir reçu l'ordre. La loi interdisant tout culte extérieur, la municipalité le condamne à trois jours de prison. 
Le 26 messidor an II (14/07/1794) - Finalement, il ne sera conservé par chaque commune qu'une seule cloche et pas la plus belle, l'autre étant envoyée au district. Là encore JP Izard remporte le marché. 
1 D 1 registre des délibérations du conseil municipal 1792 27 janvier-an III 2 brumaire
1779 - Réparation de l'église et du clocher: rôle de la répartition des sommes dues.
Ce document a été trouvé dans les archives municipales de Lévignac, Côte 1 S 1. Il s'agit de la liste des contributions au paiement des réparations faites ou à faire à la nef et au clocher de l'église. La liste commence à la feuille 3, montrée ici.

« Rolle de la répartition de la dernière moitié des réparations de l'église et du clocher de Lévignac pour l'année 1779.
L'an mil sept cens soixante dix neuf et le trentième jour du mois de may avant midy à Lévignac de la salle du conseil de l'hôtel de ville.
Ont été assemblés le conseil général de communauté aux formes ordinaires messieurs Léonard Fermat Maire, Antoine Brunet, Jean Pierre Lagleyze consuls modernes de ladite communauté et les suivants Messieurs Jean Théodore Contessouze, Jean Lavat, Jean Amédée Campas, Pierre Cassaignère, François Lacroix, Jean Pierre Olivier, jean-pierre truilhery, Pierre Espirac, Jean Gramond, Antoine Pujol, jean Duclos, Jacques Amouroux, Pierre Demblans, Blaize Sendrau, François Izard, François Guilhaume Barthès, Fabien Gaston, Fançois Montaugé, Barthélémy Toulouze, Alexis Dupré, Georges Dubarry habitans de la Communauté de Lévignac.
Auxquels les Sieurs Consuls ont représentés qu'en conséquence de l'arrest du conseil d'état du ... may 1778 ... de Monseigneur l'intendant du ... dernier qui autorise l'adjudication des réparations à l'église paroissiale de cette ville et ordonnait que la somme de mille cent livres prix de cette adjudication imposée la moitié l'année dernière ce qui fut fait et la moitié cette année ce pourquoi requiert de délibérer  »

Dans la deuxième feuille il s'agit des sommes des diverses opérations, entre autre, « Premièrement pour la dernière moitié du montant l'adjudication des réparations de la nef et clocher de l'église paroissiale, la somme de 550 livres »

Nous voyons donc que le mauvais état de l'église et de son clocher ne date pas d'hier. Nous n'avons pas de preuve disant que ces travaux ont bien été effectués avant la période révolutionnaire. Nous n'avons pas non plus d'éléments antérieurs, surtout lors des événements des guerres de religion dans la seconde moitié du XVI° siècle qui ont laissé le midi toulousain à feu et à sang.
La période révolutionnaire
Une image célébrant la suppression des ordres religieux en mars 1790. Elle sera suivi de la constitution civile du clergé en juillet 1790 qui verra les prêtres constitutionnels ayant prété le serment constitutionnel et les prêtres réfractaires qui le refuseront. C'est aussi autour de la religion que la contre révolution va s'organiser, en particulier en Vendée mais aussi dans le midi toulousain. Cette constitution sera abrogé en 1801 par le régime concordataire qui réorganisera les relations état/religion, jusqu'en 1905, date de la séparation de l'église et de l'état (sauf en Alsace-Lorraine).
Même si à Lévignac, le Curé Dejean avait prété ce serment et se mariera, la transformation des mentalités ne fut pas si rapide et peut être même "incomplète". La période de la "terreur" voit la lutte anti cléricale à son comble et les modifications dans l'église s'en ressentent.
Après l'arrestation du roi Louis XVI à Varenne en juin 1791 et une année de "transferts des pouvoirs", la période de la terreur s'étale en deux épisodes, le premier d'aout à septembre 1792 qui correspond à la chute de la royauté jusqu'à la victoire de Valmy contre les prussiens et le second de mai 1793 à juillet 1794 correspondant lui à la chute des girondins jusqu'à la chute de Robespierre. Louis XVI est décapité entre temps en janvier 1793, et plus localement, Jean Baptiste du Barry l'est en janvier 1794, à Toulouse.
La chapelle Notre Dame du Rosaire - 10 novembre 1792 (délibération du conseil municipal - folio 26)
Ouverture d'une fenêtre dans la chapelle de Notre Dame du Rosaire :
« Un membre a fait part à l'assemblée qu'il n'y a à la chapelle dite de Notre Dame du Rosaire dans l'église paroissiale aucune fenêtre de manière que quoique la dite chapelle soit très bien ornée il n'est pas possible  par défaut de voir de célébrer aucun office divin et qu'il importe de pratiquer une fenêtre du côté du midi.
OUI le procureur de la commune
Le conseil arrête qu'il sera pratiqué une fenêtre à la chapelle dont s'agit auquel effet il autorise la municipalité à traiter avec le premier maçon requis pour le cout ... sur le rapport qui en sera fait etre tiré le mandat convenable. Sur les fonds détenus par le marguillier de la dite chapelle. »

Le côté sud étant celui de la rue Notre Dame, et comme il n'y a là que deux ouvertures (si on admet que le vitrail de la chapelle de Notre Dame du Suffrage est côté sud, étant exactement côté couchant), la chapelle du Rosaire serait donc soit la chapelle sainte Philomène actuelle qui n'aurait point eu de mur avec le débarras (c'est le cas, vu la cloison actuelle), soit l'actuelle chapelle de Notre Dame du suffrage, rejetant donc l'hypothèse associant cette chapelle à celle du purgatoire.
Ornements de la sacristie  - 23 février 1793
« Le citoyen Maire a fait lecture d'une lettre du directoire relative aux ornements de l'église déposés au dépôt du district.
Oui sur cette lecture le procureur de la commune.
Le conseil arrête de nommer les citoyens Olivier et dubarry municipaux ... à l'effet d'assister le fabricien dans ... qu'ils sont tenus de faire des ornements qui se trouvent à la sacristie... »
Demande à Laborie de changer l'autel dans le sanctuaire de l'église  - 5 mars 1793

"Le citoyen maire a fait part au conseil que le maître autel de l'église de cette municipalité est dans un état de délabrement menaçant une chute ... que la descence du culte exige que sans retard il soit pourvu au remplacement du dit autel, auquel effet il a proposé de députer le citoyen Laborie ... pour se rendre auprès de l'administration du district de Toulouse, y exposer le délabrement du dit autel et demander au nom de la commune de Lévignac qu'il lui délivre un autel en marbre avec tous les accessoires de l'un de ceux qui pourra se trouver à quelcune des églises supprimées et qui pourra convenir à celle de Lévignac.
Oui le procureur de la commune.
Le conseil.... délibère qu'il y a lieu d'accueillir la proposition du citoyen maire et de charger le citoyen Laborie de demander la délivrance de l'autel ...."
19 ventose an II (9/03/1794) folio 222 - "Il conviendrait d'envoyer toute l'argenterie déposée dans la ci-devant église de Lévignac à l'administration du district" ... Nomination des citoyens Olivier et Pradet.
 
5 germinal an II (25/03/1794) folio 225 - Remise de l'argenterie et autres effets métalliques de l'église Inventaire par les commissaires nommés par la société populaire afin d'en faire offrande à la Patrie.

"2 grandes croix d'argents doré, du grand reliquaire, un soleil, un siboire avec son couvert, autre petit siboire, une petite croix d'argent, une petite boite d'argent pour porter les saintes huiles, un calice avec sa paterre."
14 floréal an II (3 /05/1794) folios 257, 258 - « Faire ôter tous les tableaux du temple de la raison qui rappellent l'ancien despotisme » et nomination des agents chargés de l'  « expédition » : Duclos, Dartigues, Brun.
25 floréal an II (14 /05/1794) folio 270 - « Remise au dépôt de l'administration de tous les ornements de la ci-devant église de cette commune »
15 prairial an II (3 /06/1794) folio 284 :

« Il y a dans le temple de la raison une quantité de plancher provenant de la démolition des autels de la ci-devant église, que pour les empêcher qu'elles ne se gatent pas il conviendrait de les faire vendre à l'enquant public le produit de laquelle vente servirait pour subvenir aux dépenses extraordinaires que cette commune est obligée de faire... »
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