La nef, ses chapelles, ses vitraux

La chapelle Notre Dame du Suffrage - Vitrail haut, Saint Jean-Baptiste (LV Gesta):

Cette chapelle fut peinte par Depuntis en 1898, comme le prouve la signature, datée, en partie effacée, mais répétée dans la chapelle Sainte-Philomène (datée elle de 1901).

Le vitrail en hauteur représente Saint Jean- Baptiste.
Il semble que l'association soit plutôt à faire avec la chapelle où se trouvaient les fonts baptismaux, en bas, en face après les travaux de la fin du XIX° siècle. En effet, le trajet de la lumière au travers de ce vitrail prendrait une signification singulière.

En entrant à droite nous trouvons un vitrail donné par la famille Lavat (initiales Bte et Tse) représentant une soeur dominicaine agenouillée en prière devant un guéridon où est posée une tète de mort. Ici point de signature du maitre verrier. Cette sainte est certainement Sainte Catherine de Sienne car nous la retrouvons représentée de cette manière sur d'autres peintures :

Traditionnellement, le Samedi après la Toussaint, l'Église nous invite à intensifier nos Prières pour aider les âmes souffrantes du Purgatoire invoquant tout spécialement « Notre-Dame du Suffrage ». L'Église appelle cette aide un "suffrage". Le suffrage le plus précieux que l'on peut faire consiste à offrir le Saint-Sacrifice de la Messe pour les "Saintes âmes du Purgatoire".

Sur le mur gauche de la chapelle un tombeau en trompe l’œil avec l’inscription : « Scio quod… Deum meum » Prière faite lors des enterrements: Job 19-25- Mais je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. -26- Quand ma peau sera détruite, il se lèvera; Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu.…

La chapelle du Sacré Coeur - Vitrail haut, Saint Louis (LV Gesta):

Le vitrail de Saint-Louis avec la couronne d’épine pour laquelle il fera construire la sainte chapelle à Paris, et son sceptre fleurdelisé.

La fête de la Saint Louis a lieu le 25 août,

Voir aussi en annexe ce que l’on peut lire dans les délibérations du conseil municipal, de même que la déclaration du préfet de Rémuzat d'août 1816, soit un an après la restauration du roi Louis XVIII et qui donne une mesure de ce que l’on pouvait penser à l’époque du symbole royal « saint Louis ». Georges Longayrou était maire, c’est lui qui écrit.
Bien sûr la pose du vitrail est postérieure, soit sous l’empire de Napoléon III.

Un christ montrant sur sa poitrine un cœur enflammé et luminescent est une image forte. Cette dévotion au cœur de Jésus prend de l’ampleur à la fin du XVII° siècle dans un esprit d’expiation et de réparation.
La fête du Sacré-Cœur est célébrée dans toute l'Église catholique romaine depuis 1856, 19 jours après le dimanche de Pentecôte, soit un vendredi.

Chapelle Sainte-Philomène - Le débarras - Vitrail haut, Saint Saturnin (LV Gesta):

Trouver un vitrail de Saint Saturnin (ou Saint Sernin) à 25 km de Toulouse n’est pas très original. Premier évêque de Toulouse, du nom de cet évangélisateur du troisième siècle, son martyr sur un taureau a laissé des traces et des noms dans Toulouse.

Saint Saturnin est fêté le 29 novembre.

Sainte Philomène est une sainte contestée dans le calendrier des saints mais qui a eu de fervents adeptes au XIX° siècle. On associe à cette sainte le saint Curé d’Ars - présent sous forme de statue près de la chapelle (photo du centre) – En mai 1843, il est atteint d'une pneumonie et son état est jugé critique par les médecins. Il implore sa guérison en promettant cent messes à sainte Philomène et, au moment où s'achève la première de ces messes, la fièvre tombe. Le curé d'Ars attribue la guérison à sainte Philomène, et l'opinion générale en fait autant. A Ars-sur-Formans, dans l’Ain, se trouve la basilique Sainte Philomène. Ci-dessous, à gauche, les reliques de sainte Philomène à Mugnano del Cardinale en Italie. L’autel de Lévignac (à droite) s’en est directement inspiré. L’histoire de son martyr (contesté) fait qu’elle est représentée avec une ancre, une palme, des flèches (percée de flèches elle reste vivante), une lance et un lys. Elle aurait eu la tête tranchée. Ceci n’est pas sans rappeler le vitrail de Sainte Joséphine où l’on retrouve certains attributs: l’ancre, la palme, la hache. Les autres attributs et le nom ont-ils été modifiés lors de la restauration. L’association Joséphine-Philomène est très probable. En outre, elle est la sainte patronne des Enfants de Marie Immaculée, fondée en 1837 par les Filles de la Charité et les Lazaristes, les mêmes qui seront présentes à Lévignac.

Son martyr avec sa survivance au supplice des flèches (comme à sa flagellation et à sa noyade dans le Tibre, attachée qu'elle était à une ancre ... elle mourrut décapitée) n?est pas sans rappeler le martyr de Saint Sébastien. C?est dans la chapelle de ce dernier que sont enterrés les duBarry?

Pourtant il nous faut considérer trois éléments supplémentaires:

Le premier est la sculpture en bas relief au dessus de l'autel, contre le mur qui n'est autre que Notre Dame donnant le Rosaire à Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne. Cette oeuvre est également présente au musée des augustins (photo de droite). Peut-être a t elle inspiré le sculpteur lévignacais?

Le second est que sainte Philomène est la patronne de la « maison du Rosaire Vivant » créée par Pauline Marie Jaricot , miraculée en invoquant la sainte? Nous retrouvons ici le Rosaire?

Le troisième se trouve dans le débarras. Il semble qu'il ait fait parti de la chapelle précédente. En effet, une cloison mince le sépare de la chapelle sainte Philomène, cloison qui arrive en plein milieu de la fenêtre donnant sur la rue Notre Dame. Le plafond est fait de lattes de bois recouvertes de platre, le sol de terre battue.

Cette petite fenêtre a été ouverte pendant la révolution. Une délibération du conseil municipal de Lévignac de 1792 dit:

« Un membre a fait part à l'assemblée qu'il n'y a à la chapelle dite de Notre Dame du Rosaire dans l'église paroissiale aucune fenêtre de manière que quoique la dite chapelle soit très bien ornée il n'est pas possible par défaut de voir de célébrer aucun office divin et qu'il importe de pratiquer une fenêtre du côté du midi.
OUI le procureur de la commune
Le conseil arrête qu'il sera pratiqué une fenêtre à la chapelle dont s'agit auquel effet il autorise la municipalité à traiter avec le premier maçon requis pour le cout ... sur le rapport qui en sera fait etre tiré le mandat convenable. Sur les fonds détenus par le marguillier de la dite chapelle. »

Le côté sud étant celui de la rue Notre Dame, la chapelle du Rosaire est donc bien la chapelle sainte Philomène actuelle qui n'aurait point eu de mur avec le débarras.

Chapelle des fonts baptismaux - Vitrail haut Sainte Germaine de Pibrac (LV Gesta)

Il peut sembler étrange qu’à la chapelle Sainte Germaine ne corresponde pas son vitrail…

Voici ce que nous raconte JM Benac, vicaire général d’Auch, dans son ouvrage « Les saints du calendrier diocésain d’Auch », en 1923. Son père Laurent Cousin était maitre marchand et aussi cultivateur (entre autre sur les terres que possédaient les Clarisses de Lévignac à Pibrac). Il fut par trois fois consul de Pibrac. Ceci place Sainte Germaine dans une famille ayant un certain niveau social. Son père épousa en troisième noce Marie Laroche sa mère qui mourut à sa naissance (1579), son père mourant en 1581. La marâtre qui intervient dans l’histoire et qui maltraite Germaine est en fait une belle sœur issue d’un mariage précédent du père Cousin. Atteinte de plusieurs maladie, Germaine mourut jeune en 1601.
Sur le vitrail est représenté le « miracle des roses »: un jour, sa marâtre l'accusa de voler du pain. Elle la poursuivit afin de la frapper et de la confondre, Quand celle-ci rattrapa Germaine et lui fit ouvrir son tablier, à la place du pain qu'elle pensait y trouver s'étalait une brassée de roses.

En 1644, quand on voulut enterrer dans le tombeau familial la fille d’une belle sœur de Germaine, on découvrit son corps intact, de même que les fleurs que la morte tenait. C’est à la révolution que son corps fut abimé dans la chaux vive.

Germaine est fêtée le 15 juin.

Ancien emplacement du portail d'entrée de l'église cette chapelle fut créée après les travaux de la deuxième moitié du XIX° siècle.

Les fonts baptismaux y furent placés, avant qu'ils ne soient transportés dans le choeur. La statue associée est celle du baptème du Christe par Saint Jean-Baptiste, surmontée par une Vierge à l'enfant, Jeanne d'Arc semblant tenir le flambeau...

L'accès à la tribune et à l'orgue se fait par un escalier longeant le mur du fond de la nef (porte de gauche).

Chapelle Sainte Germaine de Pibrac - Vitrail haut Saint Roch (LV Gesta)

Le vitrail de Saint Roch, en complément de sa statue présente dans la nef, confirme la dévotion que pouvait engendrer ce personnage, pourtant né à Montpellier au XIV° siècle, patron des pélerins et représenté en pélerin lui-même. Serait ce là la trace d'un Lévignac-sur-Save étape du pélerinage de Saint Jacques? C'est possible.
En Italie, il attrapa la peste et se retirant dans une forêt, il fut nourri par un chien, saint Roquet ("petit Roch", d'où le surnom "roquet" donné aux chiens, présent dans les représentattions du saint)). Par ce biais, il est le protecteur des animaux et patron des maîtres chiens.
Montrant un bubon de peste sur sa jambe, il est aussi le patron des chirurgiens, dermatoloques et autres apothicaires.

Rappelons que Toulouse fut toucher par la peste plusieurs fois.

Il est invoqué contre les maladies de la vigne (le phylloxéra). Et il y en avait beaucoup à Lévignac.

Il est fêté le 16 août.

Je ne reviendrait pas sur le personnage déjà présenté plus haut, sa statue montrant ici de nouveau le miracle des roses. La décoration de la chapelle est totalement dédiée à la sainte. Mais point de signature, peut être cachée par le confessionnal à gauche. On peut penser que Depuntis a ici aussi oeuvrer.

Une statue de sainte Thérèse en habit de carmélite accueille le visiteur en nous disant:

« C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour … » - Lettre 197 -

Nef et rosace

La rosace d'aspect moderne n'est pas signée. Elle est soutenue à l'extérieur par une structure largement restaurée qui semble être en bois. Elle ne filtre qu'une faible lumière de fin d'après midi, vu l'orientation de l'église.

Un plafond en bois peint de vert, rouge et bleu, posé sur des pilastres corinthien rouge dans la nef et des colonnes du même ordre dans le choeur. Bien cachée, en haut du pilastre gauche du choeur, la signature du peintre "Engalie" avec une date non visible et le nom du curé effacé. Sol carrelé de carreaux en terre cuite sur lequel repose trois rangées de bancs.