Lévignac-sur-Save

Petites histoires d'Histoire... locale

 


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          Les sépultures dans et hors l'église
                  Le couvent, le cimetière     

Le chevalier blond

tiré du manuscrit non publié de Noël Oulé « Lévignac, mon village de 1916 à 1936 »

« Durant la longue période du chantier, l’allée centrale de l’église subit quelques dégradations dues à l’intense trafic généré par le va et vient incessant des brouettes pleines de béton et des charrois lourdement chargés, Aussi, des affaissements se produisirent, ce qui engendra la rupture d’une partie du carrelage, Les entrepreneurs de l’époque avaient le goût du travail bien fait et de la tache accomplie; ils connaissaient aussi le sens du devoir et de l’honnêteté : c’est pour cela qu’avant de partir, ils s’attachèrent à remettre les lieux en état, C’est précisément en déposant un carreau de terre cuite qui était particulièrement enfoncé, que l’ouvrier, intrigué, entreprit de décaper le sol un peu plus profondément – peut-être pensait-il y trouver un trésor? – Pas du tout : il mit au jour un squelette d’homme avec des cheveux étrangement longs, jusqu’aux épaules, et si bien conservés qu’ils révélaient une parfaite blondeur, De part et d’autre de l’inconnu furent exhumés des éléments métalliques rappelant une armure, Tout le monde fut intrigué par cette macabre découverte; chacun avançant ses propres convictions: qu’il s’agirait d’une sépulture de l’ancien cimetière sur lequel l’église aurait été agrandie? – qu’il se pourrait que ce soit un noble, puisque jadis seuls les nobles étaient enterrés dans les églises? – ceux qui paraissaient les plus savants affirmèrent qu’il s’agissait d’un chevalier qui aurait perdu la vie à Lévignac et qui aurait été mis en terre avec son armure.
Après moult interrogations des autorités locales, la décision fut prise de refermer la sépulture, et depuis le mystère demeure : a-t-il livré son dernier combat dans les parages en joute, tournoi ou bataille? A-t-il payé de son sang sa témérité à vouloir défendre sa terre ou bien son honneur à relever le gant pour gagner la main d’une belle? On ne saura jamais en quel an de grâce cela se passait, de quel castel il venait, on ne connaitra pas non plus ses titres et qualités, Assurément, en soulevant la brique, une légende est née : ainsi pour la petite histoire locale qui se perpétue depuis déjà soixante dix ans: c’est bien le « chevalier blond » qui repose au beau milieu de l’allée centrale, au pied des marches qui conduisent au chœur, Bien que depuis des siècles, il n’arrête pas d’être trépigné, jamais il n’a manifesté le moindre mécontentement : c’est bien là l’évidence, s’il en fallait une, du caractère généreux et de la bravoure chevaleresque du « preux chevalier blond » ».
Ce récit témoigne de la présence d’au moins un corps retrouvé dans l’église. Si le carrelage avait été complètement refait, de très nombreux squelettes auraient très certainement été mis à jour. Peut-être y sont-ils encore…
En effet, jusqu’en 1776 de très nombreuses personnes se font ensevelir dans l’église, Tous les registres paroissiaux en notre possession le mentionnent, Nous n’allons donner ici que quelques exemples significatifs car un affichage exhaustif serait sinon impossible du moins fastidieux,

En 1776 donc, Louis XVI émet une ordonnance dont voici les deux premiers articles:
 
Article 1 : "Nulle personne ecclésiastique, ou laïque, de quelque qualité, état et dignité qu'elle puisse être, à l'exception des archevêques, évêques, curés, patrons des églises, hauts-justiciers et fondateurs des chapelles, ne pourra être enterrée dans les églises, même dans les chapelles publiques ou particulières, oratoires et généralement dans tous les lieux clos et fermés où les fidèles se réunissent pour la prière, célébration des saints mystères, et ce pour quelque cause, et sous quelque prétexte que ce soit."
 
Article 2 : "Les archevêques, évêques ou curés, patrons hauts-justiciers et fondateurs des chapelles exceptés dans le précédent article, ne pourront jouir de la dite exception....à condition.. de faire construire dans les dites églises ou chapelles des caveaux pavés de grandes pierres tant au fond qu'à la superficie. Le dit caveau aura au moins 72 pieds carré en dedans d’œuvre et ne pourra l'inhumation y être faite qu'à 6 pieds en terre au-dessous du sol intérieur sous aucun prétexte que ce soit".
Voici d’ailleurs retrouvé dans le registre la première « victime » de cet édit :


« Elizabeth azimont ... veuve de Jacques... âgée de soixante seize ans, décédée le ... septembre 1776 a été inhumée au cimetière suivant les nouvelles ordonnances ... »
Mais attention si l’on n’est point noble ou prêtre alors il faut payer ou donner quelque objet pour avoir sa sépulture dans l’église ...
Septembre 1610 – « Le 18 ° aussi du dict mois que Jehane La font mourut et fut enseveli dans la dicte église et donna pour droit de sépulture sa robe nobial et son cotillon aussi au bassin de notre dame. »
Excepté ce passe droit accordé:
« Mestre Bernard Blanc Notaire est décédé le ... Mars 1665  et inhumé le 5 du dit mois dans l’église sans que les héritiers du dit Blanc ayent satisfait au droit de la sépulture n’ayant tenu la parole qu’ils avaient donné ... »
Lorsque l’enterrement se fait dans l’église, nous avons parfois des précisions sur la dénomination utilisée à l’époque, dénomination qui semble évoluer au cours du temps. Les grandes familles (nobles et bourgeois) ont leur chapelle.
Début du XVII° siècle – Chapelle dite de « falas » ou « Jehan Falas », sépulture de ses ancêtres - Il s’agit certainement d’une personne ayant existé qui a donné son nom à la chapelle, puis le nom a changé. Nous retrouverons ce nom « Falas » plus avant.
1677 – « dans l’église paroissiale de lévignac proche le presbitère sous le siège des consuls »
 Le presbytère était il dans l’église ??
 



23 juillet 1713 – « dans l'église de Lévignac, sous la chaire » :
Chapelle de notre dame de pitié ou notre dame de pietà

Famille Carbonnel du Péquelin – « le sieur dominique de Carbonel Sr du Péquelin agé de 60 ans, décédé le 8 avril 1754 a été inhumé dans la chapelle de notre dame de notre église ... »,  puis un autre en 1765...



Déjà en 1673...
Chapelle de notre dame du Rozaire
 
Famille Latapie – « ... Latapie passemantier (Fabricant ou vendeur de bandes de tissu servant d'ornement en bordure d'un vêtement ou d'une teinture) agé de 61 ans ... décédé ... 1774 ... chapelle de notre dame du rozaire, tombeau de la famille... »
Notaires royaux et Epouses – « ... 1740 ... chapelle de notre dame du rozaire…»
Chapelle de Saint Fabien et Saint Sébastien

Nobles du Barry et de Carbonel - 
1744 –  Antoine,                                                              1666-  
"Chapelle St Sébastien tombeau de ses ancêtres"               Fille d’Abraham duBarry
1749 - Jean,                                                      Chapelle aussi ouverte aux sépultures de la famille                                                                                 de Carbonel avec ici une précision «… près de la table                                                                             de communion … »
Chapelle de Saint Roch – 1702, 1713 et  1764
Couloir ou porte du purgatoire - 1626, 1627
Les prêtres sont enterrés au sanctuaire (le choeur)
L’emporge – le porche - de l’église
L’engard de l’église : serait-ce hangar orthographié différemment? Dont l’étymologie serait « cloture (-gard)  autour de la maison (ham-) »
L’église mais sans précision particulière de l’emplacement de la sépulture, ou alors « dans la sépulture de ses ancêtres » 

    1600                                                           1646                                                          1751
« Géographie » des sépultures dans l’église, mise en place par le curé Dejean en milieu de XVIII° mais vite abandonnée.
Géographie des sépultures du cimetière
 
«  … le 16 juillet 1775 a été inhumée le 17 au cimetière, N°1 de la première croix qui est au côté droit de la grande croix… » 
 
 
«  … le 3 novembre 1775 a été inhumée le 17 au cimetière à la croix qui est vis-à-vis la grande croix du dit cimetière… »
En 1699, on trouve référence d’une chapelle de Saint Maur. Est-ce dans l’église ou au cimetière?
En 1714, Desclaux prêtre parle à un mois d’écart de l’église Saint-Maur et de l’église paroissiale Notre Dame de Lévignac.
On trouve aussi énormément d’actes relatifs à des enfants décédés venant de l’Hôpital Saint Jacques de Toulouse, qui avaient été donnés en nourrice à des familles lévignacaises.
Récapitulatif

 
Dans un article publié et consultable en ligne pour qui veut « creuser » la question, Régis Bertrand (« Le statut des morts dans les lieux de cultes catholiques à l'époque moderne », Rives nordméditerranéennes, [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 22 juillet 2005, consulté le 20 juillet 2015. URL : http://rives.revues.org/60) déclare: «  L'inhumation dans les églises constitue une réalité ancienne si bien connue que l'on omet quelquefois d'en souligner le caractère exceptionnel : elle s'inscrit pourtant en rupture totale avec le double héritage gréco-romain et juif de l'aire culturelle européenne, dont un interdit majeur a été ainsi violé pendant près d'un millénaire ».

Nous avons vu ci dessus que l’église de Lévignac ne déroge pas à la règle en abritant une quantité impressionnante de sépultures organisées suivant une hiérarchie prédéfinie (cf Régis Bertrand) mais qui, vu le nombre de personnes ensevelies, semble quelque peut chaotique. Les restes ont-ils été retirés du sous sol de l’église, apparemment non, vue l’histoire du chevalier blond.

Il est également difficile de faire correspondre telle ou telle chapelle actuelle à telle ou telle famille des périodes médiévales et modernes. Seules des fouilles archéologiques rigoureuses menées par des professionnels le permettraient… peut – être. Nous allons pourtant tenter de faire quelques suppositions un peu plus loin. Si nous récapitulons, nous avons avant la révolution, les chapelles du Rosaire, de Notre Dame de Pietà, de Saint Roch, du Purgatoire et de Saint Fabien- Saint Sébastien.

Qui plus est nous avons également vu une des possibles source du changement de nom de la paroisse, avec ce cimetière de Saint-Maur et sa probable chapelle. Les Dames de Saint-Maur n'arrivent à Lévignac qu'en 1776, donc bien après les actes du curé Desclaux.

Nous avons montré l’existence de sépultures au couvent lui-même. Rappelons que suivant son testament Titburge d’Astarac, fille de Jourdain IV, comte de l’Isle Jourdain fut la première à se faire enterrer au sein de la nouvelle communauté de clarisses, avec  un tombeau commandé spécialement à des ouvriers de Limoux (Testament de Titburge, tiré du livre du RP Agathange de Paris,   « Les monastères de clarisses fondés au XIV° siècle dans le sud-ouest de la France »).

Enfin, nous avons effleuré le rôle de l’Hôpital Saint Jacques de Toulouse dans le placement en nourrice des enfants.
 
 



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