Petit historique

Laissons tout d’abord la parole à l’architecte Fournel qui a établi un devis pour réparations dans l’église en 1852 (archives municipales – classeur « travaux à l’église ») puis à la Commission d’Art Sacré du diocèse de Toulouse (Père Rocacher, Mme Andrieu) après sa visite dans la paroisse en 2003.

FOURNEL - 1852

« L’église de la Commune de Lévignac construite vers le 12° siècle environ se trouve fort délaissée tant par sa nature de construction que par son style d’architecture. Les murs de la nef d’une épaisseur suffisante et les contreforts qui s’y trouvent adossés semblent démontrer qu’une voute avec arceau ogive devait couvrir le monument qui se trouve aujourd’hui remplacée par un plafond en planches postiches attachées aux poutres de la toiture. La nef est décorée au sanctuaire par des pilastres de l’ordre corinthien supportant un entablement sur lequel prend naissance une petite voute se rattachant avec le plafond.
Le clocher de cette église construit en 1845 se trouve en fort bon état percée sur les quatre faces d’ouvertures gothiques et circulaires, conformes au plan d’élévation représenté sur la façade latérale. Lequel clocher ne s’élève qu’à la hauteur de l’acrotaire formant galerie à côté de laquelle se trouve une forte retraite de mur destinée à recevoir la maçonnerie de la flèche projetée qui doit terminer la construction de ce clocher. La toiture qui le couvre n’a été placée que provisoirement afin de placer le beffroi et les cloches qui sont placées à l’abri du mauvais temps. Cette toiture de légère construction et les eaux qui y pénètrent nécessitent la prompte construction de la flèche projetée.
La toiture de la nef et bas-côtés de cette église se trouve en bon état composés de fermes (Ensemble des pièces de bois ou de fer qui dans un comble soutiennent les faîtages et les pannes) ayant chacune leur entrait, arbalétrier, poinçon, contre-fiche et panne le tout recouvert par des chevrons et latte en passeportine ( ??), le stillicide (eau qui tombe goutte à goutte) de cette toiture et d’une saillie de 1,30m en dehors de l’aplomb du mur sera coupé sur tout le pourtour de l’église et une dalle en zinc grande sorte avec ses tuyaux de descente y sera placé afin de recevoir les eaux pluviales, qui dans leur chute ont considérablement dégradé les murs de la nef qui se trouvent dégagés de leur mortier lesquels murs seront dans leurs joints dégarnis et creusés jusqu’à … ?? de profondeur afin de recevoir le crépis à champ hydraulique qui y sera jeté dans toute leur surface, les briques qui en certaines parties se trouvent dégradées seront restaurées …. »

Commission d’art sacré du diocèse de Toulouse - 2003

« L’église de Lévignac présente un intérêt certain au point de vue historique et artistique.
En l’absence d’une étude archéologique exhaustive, on peut la considérer comme gothique dans son ensemble - étant bien entendu que dans la région toulousaine, la construction gothique va de la fin du XIII° siècle jusqu’au début du XVII° siècle.
Son chevet pentagonal à contreforts massifs est tout à fait caractéristique des constructions rurales de cette période. Deux linteaux de pierre en accolade (au-dessus d’une fenêtre du flanc sud et d’une porte du flanc nord) permettent de penser à un édifice de la fin du XV° siècle.
La nef de trois travées est restée simplement charpentée, car les voûtes et les ogives de bois sont indubitablement du XIX° siècle.
Il en est de même du beau clocher néo-gothique. Par contre, les cinq chapelles latérales semblent bien avoir été voutées sur croisées d’ogives dès l’époque gothique.

Compte-rendu : la situation matérielle de l’église a été examinée par les délégués de la commission et a été jugée préoccupante.
La toiture est percée en plusieurs points. L’installation électrique n’est pas conforme et risque de provoquer des dégâts. L’orgue est tombé en panne. Les vitraux sont dégradés et ont beaucoup souffert des intempéries. Le dallage du chœur est profondément fendillé.
Les entrées d’eau dans la nef et les chapelles latérales sont de plus en plus importantes et risquent fort de compromettre la santé des voutes et des murs. Si l’on ne se hâte pas d’entamer les restaurations les dégâts provoqués par l’humidité risquent de devenir catastrophiques et d’alourdir la facture des travaux…. »

Les coutumes de Lévignac sur Save établies en 1262 évoquent la « seigneurie » de Lévignac mais non la « paroisse », ni l’existence d’une église. Elles ne sont là que pour organiser les droits et les devoirs des futurs habitants de la nouvelle communauté.
A la fin du XIII° Bertrand de l’Isle Jourdain était évêque de Toulouse (de 1270 à 1286) et Lévignac faisait parti du comté de l’Isle.
Dans un article des Annales du Midi (« Les origines de la province ecclésiastique de Toulouse », 1904, page 5), J. M. Vidal nous dit: « Jean XXII accorda de nombreuses compensations au chapitre de Toulouse. A la place de Saint-Pierre de Villasavary, donné aux chanoines de Mirepoix, il lui concéda les rentes de Lévignac, Garac et Lasserre… » et « La mense du collège de Tescou se composait des localités de Montbeton, Bressols, Le Fau, Saint-Porquier, Gasseras, dans le diocèse de Montauban; Pujaudran, Ségouffielle, Blanquefort, Beaupuy, Lévignac, Caubiac, Le Grès, Ondes, Cépet, Sainte-Croix de Pauilhac, Montjoire, Castelnau-d'Estrétefonds, dans le diocèse de Toulouse. »
Jean XXII, fut pape de 1316 à 1334, le premier à résider pleinement à Avignon. Par conséquent, avant la création du couvent de Lévignac, un prieuré lié au chapitre de Saint Etienne de Toulouse existait. Cette union au chapitre eut lieu en 1316, nous dit Lahondès dans son « L’église Saint Etienne, cathédrale de Toulouse ».
Retrouvé dans le « Catalogue des Antiquités et des Objets d’Art » établi par Ernest Roschach en 1865, cet article numéroté 1040, page 364, non daté… (http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/66691/B315555243_008_A-ROSCHACH-1865)

Le cadastre de 1665 stipule que côté rue Notre Dame, la parcelle entre la muraille et la rue traversière, était occupée par une maison et son jardin des prieurs de Saint Etienne.

Une chapelle devait exister dans le château laissé par Tiburge pour créer le couvent de Sainte-Claire en 1335.

Les premières « images » connues de l’église de Lévignac se trouvent dans les plans de la forêt de Bouconne établis en 1609 et 1667 pour en mesurer sa surface (Archives départementales de la Haute Garonne – Côte PA 265 - Côte PA 266 001)

Ces images naïves sont très schématiques, même si celle de 1667 semble plus précise avec la représentation d’une halle et d’une croix que l’on retrouve sur le plan cadastral de 1790 (sur ce plan la halle n’existe plus). Elles semblent néanmoins indiquer l’existence au XVII° siècle d’un clocher tour et non d’un clocher mur comme dans beaucoup de villages voisins (Thil, Montaigut, Bellegarde, …).
Le couvent semblait avoir une place non négligeable. Par exemple, le registre paroissial du XVII° montre que de nombreuses religieuses de Sainte Claire étaient choisies pour marraines lors des baptêmes. Une chapelle et un cimetière existaient dans ce couvent où les religieuses et leur personnel pouvaient se faire enterrer.

Le cimetière actuel se retrouve sur le plan de 1790 mais nous n’avons aucune donnée sur son emplacement antérieur, ni ne savons si une chapelle y attenait. Nous verrons pourtant que cette hypothèse peut être retenue.
Je ne résiste pas à la tentation d’évoquer cette découverte à la fin des années 1980 de sépultures mérovingiennes lors de la sortie de terre du lotissement Lacassagne qui avait donné lieu à plusieurs articles dans « La dépêche du midi » mais dont on n’a plus entendu parler par la suite. Voici en quelque sorte le premier « cimetière » connu. Lévignac existait-il à l’époque? C’est une autre question.

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